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16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 21:45
Maman a déménagé. Depuis le 7 août 2007, elle a une nouvelle adresse. Elle n'a emporté que quelques affaires personnelles, du linge marqué à son nom, un vase et des photos.
En fait, elle a été mise devant le fait accompli. Elle est en maison de retraite parce que le maintien à domicile n'était plus possible. C'est durant son séjour en gériatro-psychiatrie, que j'ai réalisé et accepté l'idée qu'elle ne pourrait plus rentrer chez elle. Il me fallait trouver alors, et au plus vite, une maison de retraite médicalisée, la meilleure possible. J'ai visité plusieurs établissements, la plupart hors de nos moyens financiers. Il fallait compter pas moins de 3000 € par mois. Des places étaient disponibles. Comment faire ? Qui plus est, rien ne ressemble plus à une maison de retraite qu'une autre maison de retraite. Une chambre, un lit, une armoire, une salle commune pour les repas et les activités, des fauteuils pour la sieste. Parfois un jardin ou une terrasse. J'ai finalement décidé de suivre les conseils éclairés de mon assistante sociale. Ses arguments étaient sincères, objectifs, et surtout, ils émanaient d'une professionnelle. Si je devais écouter quelqu'un, c'était elle. Et pour elle, l'essentiel dans le choix d'une structure pour une personne âgée, à fortiori alzheimer, ce ne sont pas les dorures, le marbre ou les bougainvilliers, mais la chaleur humaine, la considération, une certaine éthique, qui font partie du cahier des charges de l'établissement. Cet établissement s'appelle « La Colline ». Je l'ai visité. Le site est magnifique, un panorama exceptionnel. En plus, l'établissement est de loin le moins cher de tous ceux que j'ai visité, environ 1600 €, et surtout, il bénéficie de l'aide sociale. Le seul problème : la liste d'attente.
Finalement, une place se libère (comprendre : une personne est décédée). Ma mère étant sur la liste des personnes prioritaires, la chambre est pour elle. Nous sommes le 2 août. Pourtant, le CHU ne la transférera que le 7 août pour des « raisons administratives » ! Ces 5 derniers jours furent très longs. Le placement de ma mère en maison de retraite, dans « cette » maison de retraite, fut réellement un soulagement. La surveillante générale ainsi que l'infirmière de garde le jour de l'admission de maman sont restées perplexes en découvrant les bleus à ses poignets et surtout à ses chevilles. Stigmates des liens de contention.
Maman était dorénavant dans un environnement bienveillant et chaleureux. Elle était considérée comme une personne à part entière avec son histoire, sa personnalité, et non comme une patiente de plus.
Je n'étais pas au bout de mes peines pour autant. Il fallait aborder à présent la phase « d'adaptation » qui est plus ou moins longue selon les cas. De 2 à 4 mois m'a-t-on dit. Des mois pendant lesquels ma mère me dira : « je ne veux pas rester ici », « je veux rentrer à la maison », « je veux mon lit ». J'ai pu constater que ces leitmotivs sont commun à tous les résidents. Et parallèlement, ma mère a très vite trouvé ses repères. Le rythme de vie de la structure offre une régularité qui est rassurante. Et puis il y a du personnel qui se relaye, à la différence de la maison.
A l'heure où j'écris cet article, cela fait 5 mois que maman est en maison de retraite. Cela reste très  difficile à vivre. Pour elle, je crois, pour moi aussi. Le dosage médicamenteux pour gérer l'humeur est très sensible. Ma mère a un alzheimer à tendance dépressive, angoissée. Soit le dosage des médicaments est trop fort et elle est assommée, ce qui n'est pas le but recherché dans cet établissement, soit pas assez et elle est... dépressive et angoissée.
Il n'y a toujours pas, hélas, de solution miracle concernant la maladie d'Alzheimer. D'où l'importance de trouver un établissement capable de gérer de manière honorable nos proches atteints de cette pathologie. Quand je vois ma mère sourire au personnel, que ce soient les infirmières, les aides-soignantes, les femmes de ménage ou la psychologue, les embrasser et recevoir autant de chaleur humaine en retour, je me dis que NOUS avons eu de la chance de trouver ce genre d'établissement.
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commentaires

S
Bonjour<br /> J'étais perdue après avoir appris aujourd'hui que ma maman atteinte d' alzheimer avait une place en maison de retraite. C'est "évidemment" la solution si s'impose à nous aussi...<br /> J'ai pleuré en lisant votre blog à rebours... De la fin au début... Mais je suis heureuse que le hasard m'y est emmenée pour pouvoir "partager" toutes ces émotions de vie. Que seuls ceux qui le vivent peuvent comprendre...<br /> J'ai rit aussi pour l'épitaphe dans votre courrier à vos frères et sœurs... Ma sœur a aussi pris ses distances et c'est moi qui appelle le plus souvent possible ma mere et mon père qui l'aide. <br /> Ce blog un peu narcissique m'a donc fait beaucoup de bien.<br /> Merci
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P
Merci pour votre commentaire dont je viens de prendre connaissance, 1 an après... Nous avons en effet en partage ces émotions de vie...
L
<br /> Bonjour,<br /> <br /> Ce témoignage m'a bouleversé car c'est exactement ce que je vis avec ma mère atteinte elle aussi de la maladie d'Alzheimer. Aprés 10 années de lutte, son état s'est subitement aggravé et j'ai du me<br /> résoudre à la placer dans une maison de retraite spécialisée Alzheimer à Nice... elle y entrée jeudi 15 octobre 2009 et ce fut un terrible déchirement pour elle et pour moi car elle n'avait de<br /> cesse de vouloir rentrer à sa maison. La psychologue m'a conseillé 3 ou 4 jours d'espacement pour souffler un peu et pour éviter un nouveau déchirement.... J'irai la voir régulièrement,<br /> avec des rites (fleurs, vernis à ongles, confiseries q'elle continue à adorer...) et j'espère pouvoir l'emmener avec nous le week-end de temps à autre pour les repas de famille ou autres sorties<br /> agréables qui ne la désorientera pas trop. Cette maladie est une horreur, elle frappe d'une façon si sournoise que jamais nous ne sommes prêts. Hier, ma mère m'a appelé "Maman" et mon mari "Papa",<br /> nous l'aimons comme elle est maintenant avec toute notre compassion et notre indulgence. Le plus dur c'est de penser à la femme qu'elle a été, si belle, si distinguée, si indépendante, cette maman<br /> si aimante que j'ai perdu il y a quelques années maintenant même si physiquement elle est là.<br /> <br /> <br />
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